Interview avec Asia Youngman, ancienne élève du programme Greenlight de DNEG et réalisatrice de n’x̌ax̌aitkʷ

DNEG est fière de réaliser les effets visuels d’un court métrage autochtone indépendant

Asia Youngman est une réalisatrice et scénariste autochtone primée de Vancouver, au Canada.

Ancienne élève du programme Greenlight de 2017 de DNEG, Asia Youngman a vu ses films projetés au Festival international du film de Toronto, au St. Louis International Film Festival et à l’ImagineNATIVE Film and Media Arts Festival, entre autres. Les talents d’Asia ont été reconnus au fil des ans, avec les prix du meilleur réalisateur et du meilleur court métrage au Vancouver Short Film Festival de 2021, ainsi que le prix du meilleur court métrage documentaire au Calgary Film Festival de 2019 pour This Ink Runs Deep.

DNEG était fière de collaborer avec Asia sur son dernier projet, n’x̌ax̌aitkʷ, qui porte sur une adolescente autochtone nommée Zarya. Après avoir emménagé dans une nouvelle ville, Zarya doit faire face à la pression de ses pairs lorsque sa voisine, Amanda, la convainc d’explorer une île voisine à la recherche du légendaire monstre du lac, l’Ogopogo. Elle découvre rapidement que ses nouveaux amis pourraient cacher des secrets et des arrière-pensées.

Nous avons rencontré Asia pour en savoir plus sur son parcours depuis la fin du programme Greenlight, ainsi que sur son dernier projet. Nous avons également discuté avec Chris Downs (superviseur des effets visuels de DNEG pour n’x̌ax̌aitkʷ) et Rosie Walker (superviseure de l’infographie 3D de DNEG pour n’x̌ax̌aitkʷ) de leurs expériences de travail sur le projet.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience dans le cadre du programme Greenlight de DNEG? Comment votre participation au programme vous a-t-elle préparée pour ce projet? Comment était-ce de travailler de nouveau avec DNEG?

En 2017, j’ai été embauchée chez DNEG et j’ai eu la chance de participer à son programme Greenlight. Ce que j’ai aimé dans cette expérience, c’est qu’elle a vraiment facilité ma transition entre l’école de cinéma et le travail dans un studio professionnel. J’ai pris confiance en moi en tant qu’artiste en testant mes connaissances antérieures et en acquérant de nouvelles compétences dans un environnement amical, accueillant et solidaire. J’ai acquis une solide connaissance du pipeline des effets visuels, des logiciels et de la qualité du travail que DNEG attend de ses artistes.

Lorsque j’ai quitté l’industrie des effets visuels pour me consacrer à la réalisation de films, je rêvais de travailler de nouveau avec DNEG à l’avenir en tant que réalisatrice. Je n’aurais jamais imaginé que l’occasion se présenterait si tôt dans ma carrière et je suis si reconnaissante que ce rêve se soit concrétisé. Chaque artiste a contribué avec tant de passion, de créativité et de dévouement au projet : nous n’aurions pas pu donner vie au n’x̌ax̌aitkʷ (esprit sacré du lac) sans leur travail incroyable.

Comment votre approche de la réalisation a-t-elle changé ou évolué au cours des dernières années? À quoi peut s’attendre le public de n’x̌ax̌aitkʷ, qu’il connaisse votre travail ou non?

En 2017, j’ai réalisé mon premier court métrage, Lelum’, qui a remporté le prix du meilleur court métrage documentaire au festival de films ImagineNATIVE de Toronto. Jusqu’en 2020, j’ai surtout travaillé sur des documentaires, mais j’ai toujours rêvé de me lancer dans la fiction, en particulier dans le domaine de la science-fiction et du fantastique. En plus de faire cette transition, j’ai l’impression que mon approche a changé. J’ai davantage de confiance et d’assurance en moi alors que je continue à développer mon style de cinéaste. n’x̌ax̌aitkʷ est mon film le plus ambitieux et le plus personnel à ce jour et j’ai l’intention de continuer à me pousser en tant qu’artiste en prenant des risques et en racontant des histoires qui me rendent vulnérable.

L’année dernière, de nombreux chagrins et souvenirs douloureux ont refait surface pour les membres des communautés autochtones du Canada. Selon vous, quelle incidence la possibilité de raconter des histoires autochtones sur une grande plateforme a-t-elle sur le potentiel de guérison et de réconciliation?

Je pense qu’il est important de raconter les histoires autochtones sur une grande plateforme afin que le public puisse comprendre nos diverses expériences et cultures, tout en modifiant certains stéréotypes et idées fausses sur notre peuple qui existent à Hollywood et dans les médias grand public. Bien qu’il soit essentiel que la population comprenne l’histoire du génocide, de la colonisation et du racisme dans notre pays, je veux aussi qu’elle voie que les peuples autochtones prospèrent et que nous sommes plus que nos traumatismes. Nous sommes toujours là et nous avons tant à offrir en racontant des histoires qui n’ont jamais été relatées de notre point de vue.

La légende du monstre Ogopogo a longtemps fasciné et effrayé de nombreux enfants qui ont grandi en Colombie-Britannique. Y a-t-il des histoires particulières sur l’Ogopogo qui vous restent en mémoire depuis votre enfance et si c’est le cas, quel rôle ces souvenirs ont-ils joué dans la création de n’x̌ax̌aitkʷ?

Chaque été lorsque j’étais jeune, mes parents nous emmenaient, mon frère et moi, dans l’Okanagan pour rendre visite à un ami de la famille qui avait également deux enfants de notre âge. Nous nous baignions dans le lac Okanagan et nous nous faisions peur en croyant que l’Ogopogo se cachait quelque part sous nos pieds. À cette époque, je n’acceptais pas mon identité autochtone en raison de l’intimidation et du racisme dont je faisais l’objet à l’école. En outre, je ne comprenais pas en quoi la représentation courante de l’Ogopogo comme un monstre vert mangeur d’hommes était à la fois inexacte et exploitante pour les communautés autochtones de la région. Lors de mes premières recherches pour le film, j’ai découvert que dans les années 1980, une agence de tourisme locale avait offert une récompense d’un million de dollars pour une preuve visuelle de l’Ogopogo. Après avoir reçu l’autorisation de la nation Syilx/Okanagan, j’ai pu m’en inspirer pour écrire cette histoire, ainsi que de certaines de mes propres expériences en matière de pression des pairs, d’intimidation et de désir d’appartenance.

Quelle est la prochaine étape pour n’x̌ax̌aitkʷ? Où le public pourra-t-il voir le film en 2022?

n’x̌ax̌aitkʷ sera présenté en avant-première dans un festival de films cette année et il sera accessible en ligne en 2023.

 

 

Vous voulez en savoir plus? Nous avons rencontré les chefs de notre équipe de DNEG, Rosie Walker et Chris Downs, qui ont été respectivement superviseure de l’infographie 3D et superviseur des effets visuels pour n’x̌ax̌aitkʷ.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous impliquer dans n’x̌ax̌aitkʷ? Qu’y a-t-il eu de particulier dans le travail sur ce film?

CD: J’ai eu envie de travailler sur ce projet pour un certain nombre de raisons. Avant tout, je voulais travailler avec Asia, l’une de nos participantes au programme Greenlight, qui poursuit son rêve. Rien que cela a rendu cette expérience spéciale. Également, j’ai toujours aimé le format du court métrage et les défis qu’il présente pour vous faire entrer rapidement dans l’histoire et vous attirer vers les personnages. Après avoir lu le scénario, je savais que je voulais faire partie du projet.

RW: Comme j’ai déménagé à Vancouver et y ai élu domicile, il m’est apparu très important de m’informer sur les peuples autochtones du pays et sur l’importance des Premières Nations et de leur histoire. Bien avant que les terribles découvertes sur les pensionnats ne fassent la une des journaux du monde entier, on m’avait parlé des conséquences dévastatrices pour les enfants d’être arrachés à leurs parents et des mauvais traitements infligés aux populations autochtones, même de nos jours. En tant que personne, cela m’a mise en colère, et en tant que mère, cela a laissé un vide profond. Je ne peux pas imaginer cette expérience ou parler pour quelqu’un qui l’a vécue, mais je tiens à faire tout ce que je peux pour comprendre et aider. Lorsque ce projet m’a été proposé, j’étais enthousiaste à l’idée de participer à la narration d’une histoire importante : non seulement la légende du n’x̌ax̌aitkʷ, mais aussi l’expérience d’une jeune femme autochtone qui tente de s’intégrer dans un nouvel endroit. Je me souvenais aussi d’Asia depuis son passage avec nous chez DNEG et j’étais très impressionnée et enthousiaste à l’idée de la soutenir dans la réalisation de ce film.

Y a-t-il un plan ou une séquence du film sur lequel vous avez le plus aimé travailler?

CD: Le suspense m’attire toujours, alors j’adore les plans où la créature est sous-entendue ou évoquée, sans trop en dire.

RW: J’ai vraiment aimé mettre en place des concepts et des idées visuelles pour les discussions, en particulier pour les plans complètement en infographie. De plus, on peut grandement apprécier le tout début d’un plan, lorsqu’on peut simplement assembler les éléments de manière approximative et chercher à avoir une bonne composition et une bonne histoire. Je pense que c’est le plan préféré de tout le monde, mais celui où le n’x̌ax̌aitkʷ se profile enfin au-dessus du bateau et où l’on voit la réaction des adolescents est vraiment mon préféré. Nous avons beaucoup réfléchi à l’apparence du n’x̌ax̌aitkʷ : gracieux, mais imposant et puissant. Ça a donc été absolument génial de voir l’allure que nous recherchions prendre vie à l’écran dans ce plan particulier.

Qu’est-ce que cela vous a fait de retravailler avec Asia, non plus en tant que mentorée dans le cadre du programme Greenlight de DNEG, mais en tant que réalisatrice et cinéaste accomplie?

CD: C’était un pur plaisir de travailler avec Asia. Elle avait une vision claire de ce qu’elle voulait réaliser et n’aurait pas pu être plus coopérative et utile dans notre exploration de la créature et de l’ambiance que nous recherchions.

RW: J’aime les films, j’adore ceux sur lesquels je travaille, ça a toujours été le cas et ça va rester ainsi, mais j’ai envie de davantage de scénarios, d’histoires et de projets originaux. Sachant qu’il s’agissait du projet d’Asia et d’une histoire importante à raconter, je me suis sentie très heureuse pour elle et j’ai eu envie de l’aider. Je suis toujours enthousiaste lorsque j’entends parler de quelque chose de nouveau et d’original, et je suis prête à soutenir tout nouveau réalisateur ou cinéaste pour continuer à encourager les idées novatrices et les nouveaux conteurs à prendre les devants. J’ai hâte d’aider Asia de nouveau sur son prochain projet, car je suis sûre qu’elle en a d’autres!

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